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Ces potes avec qui il ne faut pas regarder un match

Par Raphaël Gaftarnik
4 minutes
Ces potes avec qui il ne faut pas regarder un match

Le football est un sport convivial. En effet, quoi de mieux que de vibrer devant un match de foot avec ses potes, de partager les émotions et les déceptions ? Enfin, pas tous tes potes : en effet, dans le tas, il y en a toujours qui peuvent, à leur manière, te gâcher la fête…

Le mec qui s’en fout

Le match a débuté depuis une bonne demi-heure lorsqu’il franchit le pas de la porte, bouteille bon marché à la main : « Alors les gars, on dit même pas bonjour ? » Concentré dans ton match, tu ne peux porter que peu d’intérêt à l’énergumène. Car tu le sais, il est venu pourrir la rencontre, armé de son détachement face au ballon rond. Alors il parle, sans cesse, demande à ce qu’on baisse le son et tente de capter l’attention en dégainant une vidéo de baston entre un requin et un mérou géant : « Vraiment ? Vous ne parlez plus à cause de 22 abrutis en short qui courent après une balle ? » Désormais aussi impatient qu’un arbitre face à Thiago Motta, tu lui expliques que la sortie est toute proche s’il n’apprécie pas le spectacle. Mais le mec qui s’en fout a pour principe de s’accrocher, jusqu’au bout du temps additionnel. Une purge digne d’un Lens-Caen.

Le fin connaisseur

Cela fait des jours qu’il est dans son match, qu’il parcourt la toile et les journaux à la recherche du moindre détail qui fera la différence. Pointu, il n’envisage pas une seconde de regarder un match sans connaître le pourcentage de passes réussies par le latéral gauche remplaçant. Alors forcément, dans un salon, il énerve. Avant le coup d’envoi, et après avoir pronostiqué le score en prenant en compte les 8 derniers résultats de chaque équipe, il raconte l’histoire de ce jeune attaquant de 18 ans, sorti de la CFA pour pallier les blessures : « Très bon pied droit, le gamin. Avec la réserve, c’est quand même 13 buts en 16 rencontres. On n’a pas vu mieux depuis le Djibril Cissé saison 98-99 ! » Corrigeant toutes les approximations et subjectivités prononcées durant la rencontre, cet homme qui idolâtre Geoffroy Garétier agace plus qu’il n’informe. Seul réconfort, pouvoir le confronter à sa mauvaise foi lorsque le résultat ne correspond pas à ses prévisions. Une douce revanche.

PS : En plus, si tu as besoin d’informations détaillées, des dernières actus et d’analyses complètes par les meilleurs observateurs sur la L1, tu n’as pas besoin d’un pote qui étale sa science, tu sais que tu peux te rendre sur ton appli L1 Orange.

Le mec qui croit que ton salon est son stade

Le pire. Au début, l’inviter semblait être une bonne idée pour l’ambiance. En effet, qui de mieux que cet ancien habitué des virages pour amener l’ambiance du stade jusque dans ton salon ? Investi par sa mission, il ne met que quelques minutes à se mettre en action. Aussi à l’aise dans l’insulte que dans le massacre de ton canapé, il se ravise de justesse à l’heure de craquer un fumigène. Même les regards gênés qui l’entourent ne le perturbent guère : il harangue, manque de se battre avec la seule personne qui supporte une autre équipe que le sienne, puis plonge finalement sa main au fond du saladier de chips à la moutarde. Après s’être élégamment léché les doigts, il conclut en posant sa main sur ton épaule : « On est bien chez toi, hein ! » Pas tant que ça, en fait.

Le supporter éphémère (aka Le Footix)

Pas facile de le croiser. Sa période d’activité se situe en général entre mars et mi-juillet. Pour résumer, il ne se manifeste que lors des compétitions internationales et après la phase de poules de la Ligue des champions. Mais sur cette période, il ose tout. Fan de Zlatan et Pogba, il se fait décolorer le catogan avant de t’expliquer qu’il a pleuré lorsque ses Colchoneros de l’Atlético ont perdu la finale de la Ligue des champions sur le fil. Au fond, tu pardonnerais presque ce côté « parvenu » , vu que pour une fois, il partage l’une (ou la seule) de tes passions. Mais au bout de 90 minutes, l’indulgence fait place à la haine. Car après avoir enchaîné ineptie sur ineptie, il feint d’être anéanti par la défaite avant de tout oublier et d’afficher un large sourire quelques instants plus tard. Et puis un pote qui a la régularité de Dmitry Sytchev, c’est impossible.

Toi-même

Toi aussi, tu as tes travers, tes tics insupportables. Cette façon d’appeler les joueurs par leur prénom comme si vous aviez refait le monde autour d’une grosse côte de bœuf… Et puis cette manière d’applaudir à chaque frappe des 25 mètres ( « bien tenté ! » ), cet air suffisant que tu prends pour expliquer un fait de jeu à un novice. Oui, pour tes potes, ce n’est pas toujours facile de regarder un match avec toi.

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