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Ces Bleus du moment
C'est un postulat. Le Français est une girouette. Il se soulage systématiquement dans le sens du vent. Histoire que madame n'ait pas à laver les jeans salis par l'urine au niveau de la braguette. En football, c'est un peu pareil. On adore, on adule, on lynche et on oublie. Surtout en équipe de France. Il y a deux ans, Abou Diaby et Adil Rami étaient les chouchous du public. Ensuite, on a eu droit à Marvin Martin et Dimitri Payet. Puis à Jérémy Menez et Yohan Cabaye. On a même fait de Steed Malbranque un sélectionnable en puissance. Aujourd'hui, cette mode est passée. Dépassée. On est déjà sur autre chose. Oui, mais quoi ? Les cinq doigts de la main.
Mathieu Valbuena (20 sélections)
Le meilleur joueur français de Ligue 1. Ou presque. Depuis un an, le Marseillais marche sur l’eau et porte son club. Dire qu’il y a peu, les dirigeants olympiens avaient tout fait pour le refourguer au Zénith Saint-Pétersbourg… Aujourd’hui, le meneur de jeu de l’OM est en train de s’installer durablement chez les Bleus. Buteur contre l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne, le Marseillais a encore été énorme contre la Géorgie. Tout passe par ses pieds. Tout part de lui. Difficile de se voiler la face avec son niveau actuel. Pour une fois, la plèbe a raison, Valbuena est incontournable en équipe de France. Il est à la fois buteur-passeur-dribbleur-provocateur-plongeur. Un couteau suisse utile et indispensable. Contre l’Espagne, P’tit Vélo sera au cœur du jeu offensif français. La lumière viendra de lui. Sur son côté droit, personne n’a son coffre ni sa régularité. Même Jérémy Ménez, pourtant spécialiste du poste, peine à (re)trouver des jambes pour (re)devenir un vrai danger. Acclamé par tout ce qui parle (public, presse, chroniqueur, joueur), Valbuena est aujourd’hui l’atout offensif numéro 1 de l’équipe de France. A raison. Et c’est sans doute ça le plus fou.
Blaise Matuidi (11 sélections)
Son acte fondateur en Bleu remonte à octobre dernier en Espagne. Le Parisien avait sorti un match de Kényan. Présent aux quatre coins du terrain, le milieu avait été ce soir-là écœurant. Une machine à gratter les ballons. En club, l’ancien Stéphanois est dans le même registre. Depuis le début de la saison, c’est le véritable baromètre de son équipe à tel point que Carlo Ancelotti met des cœurs dans sa bouche quand il parle de lui. Une révélation tant la faucheuse n’avait jamais joué à un tel niveau. Surtout, il est constant. En panne de stabilisateur défensif au cœur du jeu depuis le départ à la retraite de Claude Makelele et la mise à l’écart de Jérémy Toulalan, Blaise semble comprendre son rôle. En plus, il ferme sa gueule et ne rechigne jamais à l’effort. Il s’est grandement amélioré dans sa projection avec la balle là où, avant, il ne savait pas quoi faire de la gonfle. Matuidi court et s’esquinte les poumons pour cinq. Alors qu’il n’a pas joué une seule seconde à l’Euro 2012, le Parisien semble aujourd’hui indiscutable en Bleu et en club. Comme le dit Zaho, la roue tourne.
Franck Ribéry (72 sélections)
On ne présente plus Francky Ribéry. L’homme blague. Celui qui investit encore dans des coussins péteurs à bientôt 30 piges. En difficulté avec l’équipe de France depuis 2009, le Bavarois semble revivre depuis quelques mois et l’arrivée de Didier Deschamps sur le banc des Bleus. C’est bien simple, Francky marche à l’amour. Au moral. Il a besoin qu’on l’aime. Qu’on le flatte. Qu’on l’admire. Il veut se sentir important. Et surtout, il veut jouer à gauche. Depuis un an, il est plus en réussite en Bleu. Même l’Euro raté n’a pas eu d’incidence sur lui. Il a fermé sa gueule, s’est tenu à l’écart des dérapages et a continué à bosser. Moralité, c’est lui le taulier de cette équipe de France. C’est le joueur le plus expérimenté et l’un des trop rares Français à être titulaires indiscutables dans un grand club européen avec Patrice Evra. Suffisant pour faire de Ribéry la nouvelle star des Bleus. D’autant que l’inefficacité de Karim Benzema renforce le poids de l’ancien Marseillais au sein du collectif. Et la relation technique qui émerge entre Ribéry et Valbuena peut s’avérer décisive pour l’avenir des Bleus. Un duo qui peut faire mal. Très mal.
Raphaël Varane (1 sélection)
« A l’avenir, la question sera : qui jouera au côté de Varane ? » La phrase est signée Adil Rami dans les colonnes de L’Equipe. Actuellement blessé, l’ancienne coqueluche des Bleus époque Laurent Blanc a compris. Varane est déjà trop fort. Même si le Madrilène pourrait laisser sa place à Koscielny contre l’Espagne, la France est en train de tomber amoureuse de cet énième nouveau Laurent Blanc. A 19 ans, l’ancien Lensois est bluffant et tout le monde a le crush. Aussi bien au Real Madrid qu’en équipe de France. Annoncé depuis dix mois chez les Bleus, le minot aura dû patienter, entre trois blessures, pour enfin fêter sa première cape en Bleu. C’était vendredi dernier contre la Géorgie. Un match de sénateur où son entente avec Sakho, même si elle n’a pas été exceptionnelle, a paru prometteuse. Aujourd’hui, tout le monde ne parle plus que de lui. Une belle hype qui rappelle celle des Philippe : Mexès et Christanval. Pour le moment, le vent souffle du bon côté pour le défenseur central. On ne sait absolument pas où il en sera dans un an mais une chose est certaine : actuellement, il a le vent en poupe.
Paul Pogba (1 sélection)
A force de nettoyer les lucarnes italiennes chaque week-end dans L’Equipe du dimanche, l’ancien Havrais s’est fait remarquer. Et pas seulement par Didier Deschamps. Pogba – et ses treize titularisations avec la Juventus – a été porté haut par un courant populaire. La France du football voulait voir le Turinois en Bleu. Parce que c’est comme ça. Et force est de constater que sa prestation contre la Géorgie a plutôt donné raison au peuple. Le gamin a quelque chose en plus. Un mix entre Vieira et Diaby. L’efficacité et le système immunitaire en plus. En même temps, un mec qui s’entraîne avec Pirlo et Buffon, enquille les caramels et dégage une certaine assurance au point d’envoyer Sir Alex Ferguson se faire foutre, mérite d’être essayé en équipe de France. Ce qui est surprenant avec Pogba, c’est son adaptabilité. Pas de pression. Aucun stress. Je gère. On en oublierait presque sa coupe de cheveux.
Par Mathieu Faure