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Calcioscommesse : la Serie A tremble
Nouveau chapitre dans le grand livre du scandale du Calcioscommesse. Ce matin ont été rendues publiques les accusations du procureur Stefano Palazzi. Bonucci risque trois ans de suspension, alors qu’Antonio Conte, accusé « seulement » de délit de non-dénonciation, va mieux s’en sortir.
Rien à faire : le Calcioscommesse, on n’y comprend rien. Entre les arrestations, les joueurs qui sont envoyés en prison, qui en sortent, ceux qui sont accusés mais qui ne vont pas en taule, les faits qui remontent à 2010, ceux qui ont eu lieu en 2011, les fraudes sportives, les points de pénalité et les suspensions, c’est le flou le plus total. Ajoutez à cela des notions de droit italien toujours approximatives, et vous obtenez un procès qui dure déjà depuis plus d’un an et qui n’en finit plus. L’Euro 2012 et le magnifique parcours de la Squadra Azzurra avait, semble-t-il, mis au second plan ce scandale des matches truqués. On se disait même que, dans un élan de folie patriotique, les juges amnistieraient tout le monde, comme cela s’était produit en 1982 après la victoire de l’Italie au Mondial 1982. Tu parles.
Un peu plus de trois semaines après la finale de l’Euro, revoilà le fameux procureur fédéral Palazzi qui resurgit de derrière les fagots, prêt à sanctionner tous ceux qui ont péché. Et autant le dire, la liste est longue, et elle ne concerne pas que d’illustres inconnus évoluant à Benevento ou à Portugruaro. Les noms qui font aujourd’hui les gros titres de la presse italienne : Antonio Conte, Leonardo Bonucci, Marco Di Vaio, Andrea Masiello, Simone Pepe et Daniele Portanova. Entre autres. Paraît-il même que cinq équipes de Serie A – l’Udinese, Bologne, Sienne, la Sampdoria et le Torino – sont concernées. Alors, essayons d’y comprendre quelque chose.
Conte s’en sort bien, Bonucci beaucoup moins
Première information : les sanctions publiées aujourd’hui concernent des matches de la saison 2010-11, en Serie A et en Serie B. Le premier à trembler, c’est évidemment Antonio Conte, l’actuel coach de la Juve. À l’époque des faits incriminés, il était sur le banc de Sienne, en deuxième division. Son cas concerne deux matches, Novara-Sienne du 1er mai 2011 et Albinoleffe-Sienne du 29 mai. Mais pour le coach champion d’Italie, un petit soulagement est arrivé ce matin. Le procureur fédéral Palazzi ne l’accuse pas de fraude sportive (l’accusation la plus grave), mais de délit de non-dénonciation. Du coup, Conte passera devant le tribunal le 2 août prochain, mais le risque d’une longue suspension est d’ores et déjà exclu, ce dont se réjouit l’avocat de Conte, Antonio De Renzis. Ce qui n’est pas du tout le cas d’un autre Turinois, Leonardo Bonucci. Lui, pour le coup, est vraiment dans la panade.
Le procureur fédéral de la Fédération italienne de football l’accuse de fraude sportive durant la période où il évoluait encore à Bari. Accusations identiques pour le joueur de Bologne, Daniele Portanova, et un autre ancien de Bari, aujourd’hui à l’Atalanta, Andrea Masiello. Pour ces deux derniers, le match concerné est un Bologne-Bari (0-4), lors de la dernière journée du championnat 2010-11. Portanova et Bonucci risquent tous les deux jusqu’à trois ans de suspension. Mais ils ne sont pas les seuls concernés par ce Bologne-Bari (qui, rappelons-le, comptait pour du beurre, puisque Bari était déjà relégué en Serie B). Marco Di Vaio et Marco Rossi sont également dans l’œil du cyclone mais, comme Conte, ne sont accusés que de délit de non-dénonciation. Alors, que risquent-ils ? Au pire, quelques mois de suspension. Au mieux, une amende. Ah, d’ailleurs, Simone Pepe, autre joueur de la Juventus, est dans le même cas. Délit de non-dénonciation pour un match de l’Udinese à l’époque où il évoluait sous les couleurs frioulanes. En tout, donc, le procureur fédéral a donc envoyé devant la Comission de discipline 44 joueurs, de la Serie A à la Lega Pro.
Lecce risque la troisième division
Reste maintenant le cas des clubs. Quatorze clubs ont également été renvoyés devant la Commission disciplinaire. Il s’agit de l’Udinese, Bologne, la Sampdoria, Sienne, le Torino (Serie A), Bari, Lecce, Grosseto, Novara, Varese (Serie B), Portogruaro, Albinoleffe (Lega Pro) et deux clubs qui n’existent plus après faillite, Ancône et Piacenza. Les cas les plus chauds sont ceux de Lecce et Grosseto, les deux équipes étant accusées de responsabilité directe. Responsabilité directe ? Oui. En fait, tous les autres clubs sont concernés uniquement parce que certains joueurs du club sont accusés. Ainsi, puisque Bonucci et Masiello sont touchés, Bari est concerné, et ainsi de suite. Pour Lecce et Grosseto, c’est donc plus compliqué. Les deux équipes seraient directement impliquées dans l’affaire des matches arrangés. Si cette accusation était prouvée après examen de la Commission de discipline, Lecce et Grosseto pourraient être relégués en troisième division.
Tous les autres clubs cités ne courent pas un tel risque. Au pire, ils auront des points de pénalité pour la saison qui arrive. Même Sienne, dont certains joueurs ou anciens joueurs sont impliqués sur cinq matches (contre Novara, AlbinoLeffe, Torino, Varese et Piacenza), ne risque que des points de pénalité. À titre comparatif, l’an dernier, l’Atalanta avait commencé la saison avec six points de pénalisation. Une sanction qui n’avait jamais pu être réduite, malgré les appels. La bonne nouvelle du jour est arrivée pour Pescara. Le club tout juste promu en Serie A, qui commencera la saison prochaine avec deux points de pénalité à cause d’histoires de salaires impayés, a été totalement acquitté. Son président, Daniele Sebastiani, a été jugé innocent pour le match entre Pescara et AlbinoLeffe, disputé en février 2011. Et maintenant, quoi ? Il va falloir attendre les premiers jours du mois d’août, lorsque tous les joueurs et clubs concernés passeront devant la Commission de discipline. C’est là que seront proclamées les sanctions. Tout ce petit monde a donc une grosse semaine pour se préparer au pire. Tiens, d’ailleurs, on comprend mieux, maintenant, pourquoi la Juve a recruté Lucio en défense.
Éric Maggiori