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Bojan, c’est quoi le souci ?

Par Florian Cadu
4 minutes
Bojan, c’est quoi le souci ?

Plus en odeur de sainteté à Stoke, Bojan Krkić tente une nouvelle aventure en Allemagne après s’être planté en Angleterre. Un éternel recommencement pour l’espoir désormais déchu qui doit ses échecs à un mental fragile et des relations difficiles avec ses entraîneurs.

Il fut un temps où il était considéré comme un « trésor » par le FC Barcelone de Frank Rijkaard. Il fut une époque, pas si lointaine, où il était préféré à Thierry Henry, puis à Zlatan Ibrahimović au sein de la ligne offensive de l’équipe catalane. Bojan Krkíc n’était alors qu’une pépite en devenir, un diamant à polir, un jeune talent à faire pousser, un futur grand. En témoigne son premier but en Liga le 20 octobre 2007 à 17 ans et 53 jours, ce qui faisait de lui le plus jeune buteur de l’histoire du club (devant Lionel Messi). En témoigne, aussi, son premier match de Ligue des champions le 19 septembre de la même année à 17 ans et 22 jours, ce qui faisait de lui le plus jeune joueur de l’histoire du club en C1. En témoignent, enfin, ses 889 pions marqués avec les jeunes selon des rumeurs non sourcées.

Sauf que malgré toutes ces belles promesses (qui datent de plus de dix ans), l’Espagnol n’a jamais confirmé. Sa première saison au Barça fut d’ailleurs sa meilleure en Catalogne (quatorze titularisations en championnat pour dix goals). À Rome, qu’il a rejoint en 2011 pour une seule année, il a disputé 33 rencontres de Serie A, mais seulement treize en tant que titulaire (pour sept tremblements de filet, quand même). À Milan, il n’est aligné d’entrée que cinq fois (trois buts). En 2013-2014, l’attaquant foire son passage à l’Ajax Amsterdam (1367 minutes en championnat, soit moins que lors de sa première saison à Barcelone ; quatre buts). Vient enfin l’expérience anglaise, à Stoke City, qui vient de s’achever après deux ans et demi de déception (quatorze buts en 53 titularisations) à la suite du prêt du garçon à Mayence.

De toutes ces expériences à l’étranger, ce ne sont pas les statistiques de buts, plutôt correctes, qui choquent. Non, c’est surtout cette impression de gâchis en observant un surdoué incapable de devenir régulier ou de s’imposer dans une équipe. Alors, d’où vient le problème ? D’abord, il faut se l’avouer : le bonhomme est fragile dans la tête et sujet à des angoisses depuis son adolescence. Ce qui lui aurait d’ailleurs fait rater l’Euro 2008 avec l’Espagne, selon les propos de l’international (une sélection) sur Onda Cero en février 2015 : « J’ai déjà expliqué les raisons pour lesquelles je n’ai pas pu participer à l’Euro, mais peut-être que certaines personnes n’ont pas compris ce que je voulais dire. Peut-être qu’à l’époque, je n’avais pas été très clair à ce sujet. Le sélectionneur et ses adjoints connaissaient ma situation. C’était ma première année avec l’Espagne, je souffrais de crises d’anxiété et je ne me voyais pas disputer une compétition aussi importante que celle-ci dans cet état. » Si la période évoquée était sans aucun doute particulière, difficile de ne pas voir un souci d’adaptation lié à son moral dans les différents pays qu’il a côtoyés.

Mal accueilli par Guardiola et Luis Enrique ?

L’autre problématique réside dans ses relations avec ses coachs. En mai dernier, Bojan revenait ainsi publiquement, et de manière maladroite, sur sa situation personnelle au micro de Catalunya Radio, ce qui n’a pas arrangé son rapport avec Mark Hughes : « C’est vrai que des fois, tu ne joues pas sans comprendre pourquoi. J’avais l’impression de bien jouer. » Résultat : depuis le début de la saison, le Gallois ne lui a donné que 475 petites minutes de jeu en Premier League. Le couac Hughes n’est pas le premier pour le joueur de vingt-six ans. Luis Enrique et Pep Guardiola, pour ne citer qu’eux, ont visiblement eu beaucoup de mal à s’entendre avec lui. Et Bojan ne le cache pas. « J’ai vécu des moments difficiles avec Guardiola. Est-ce que je m’entendais bien avec Luis Enrique ? M’entendre ne serait pas le mot, a-t-il attaqué, toujours sur Catalunya Radio. Ils sont comme des patrons avec qui tu n’irais pas dîner. Voilà comment était la situation : je devais coexister, essayer de bien m’entraîner tous les jours, apprendre… » Idem avec Franco Baldini, ancien directeur sportif de la Roma quand Enrique en était l’entraîneur : « Luis Enrique ne me connaissait pas assez bien. J’ai passé une année compliquée avec lui, puis j’ai eu des problèmes avec Baldini. Un jour, il me disait de rester, et le jour d’après, il me disait qu’il voulait me vendre. Il m’a manqué de respect, c’est tout ! » La véritable question est donc ailleurs : Bojan s’est-il déjà remis en cause ? Martin Schmidt se fera rapidement sa propre réponse.

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