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Benjamin Mendy, un coup à jouer
Layvin Kurzawa blessé, Patrice Évra a fait son retour en équipe de France à trente-cinq ans. Un signal pour tous les postulants au poste de latéral gauche des Bleus : il va falloir encore travailler. Reçu cinq sur cinq par Benjamin Mendy ? À vingt-deux ans, le Monégasque fait partie des mieux armés pour frapper à la porte de la sélection.
Leonardo Jardim n’est pas peu fier. En sélection française, Djibril Sidibé et désormais Thomas Lemar. Mais le technicien portugais voit plus loin, d’autres Monégasques seront à terme dans les listes de Didier Deschamps. Et parmi ces futurs internationaux, il cite Benjamin Mendy comme une évidence. À vingt-deux ans, le joueur formé au Havre apparaît comme une alternative crédible pour les années à venir. Mais pour le court terme et pour pallier le forfait de Layvin Kurzawa face à la Suède, DD a opté pour l’expérience de Patrice Évra, trente-cinq ans et pas forcément toute sa fraîcheur dans dix-huit mois, au début du Mondial russe. Un rappel de l’ancien capitaine qui envoie un message : Layvin Kurzawa et Lucas Digne ont été choisis pour assurer l’avenir, mais derrière eux, il n’y a pas encore pléthore de candidats. Et même le numéro 2, tout joueur du Barça qu’il est, n’inspire pas totale confiance au boss. La preuve qu’il y a encore une place à prendre dans un secteur de jeu en reconstruction ? « Derrière Kurzawa, Digne et Évra, il n’y a personne d’identifié. Benoît Trémoulinas, par exemple, a disparu de la circulation avec sa blessure, estime Mohamed Sall, ancien formateur de Benjamin Mendy au Havre. Pour moi, Benjamin a un potentiel et un niveau proche de Kurzawa, il n’est pas loin. » Il admet cependant que son protégé « n’est pas encore totalement prêt » , un avis auquel fait écho l’actuel patron de la formation havraise Johann Louvel : « Il a de vraies qualités, notamment athlétiques, mais il a encore un vrai palier à franchir dans la rigueur, l’approche défensive. » Et même « l’entraînement invisible, le professionnalisme jusque dans la vie privée » , complète Sall.
Feu rouge pour le poste d’attaquant
L’impression de nonchalance colle à la peau du latéral gauche de Monaco depuis sa formation normande. Son sélectionneur en U19 français, Francis Smerecki, se souvient encore d’un garçon « qui jouait un peu comme il en avait envie, et qui avait du mal à savoir, selon le contexte du match, s’il devait attaquer ou rester derrière pour sécuriser » . Un péché mignon hérité d’un replacement douloureux pendant son apprentissage du football de haut niveau. Mohamed Sall explique : « Il avait quatorze ans, il était attaquant, et il a mis au moins un an à admettre son replacement en latéral gauche. » À défaut d’être un futur Drogba ou Henry, Mendy n’en est pas moins un futur pro en puissance. « Potentiellement, rien à redire, il fait partie des plus forts que j’ai pu avoir à ce poste » , assure Smerecki. Il est physique, il centre bien, il apporte offensivement. » Mais chez les jeunes, il pouvait aussi « être trop facile, car il savait qu’il pouvait rattraper une situation par son athlétisme » , rembobine Louvel. Ou pire, il pouvait « sortir de son match » , pointe Smerecki. Une tendance payée cet été contre Villarreal en Ligue des champions, avec un carton rouge évitable pour mauvais geste.
« Monaco, un très bon choix » (Johann Louvel, directeur du centre de formation du Havre)
« Jusqu’ici, il a passé tous les paliers pour devenir un très bon joueur de Ligue 1, il lui reste un gros palier à franchir pour devenir international » , estime le directeur du centre de formation havrais. Un point de vue partagé par Sall et Smerecki, le premier estimant que Mendy sera « à maturité après le Mondial 2018 » , quand le second considère « que le cap à franchir ne nécessite pas deux à trois mois d’efforts, mais bien deux à trois ans » . Une quête lancée sur de bons rails cet été quand il a choisi de poser ses valises en Principauté. « Par le passé, il a pu bénéficier de l’expertise tactique de Marcelo Bielsa, désormais il côtoie Jardim, un entraîneur qui sait développer les joueurs, s’enthousiasme Louvel. Monaco, c’est un très bon choix, il joue le haut du tableau, la Ligue des champions, et son club a tout intérêt à ce qu’il progresse. Alors que dans un gros club européen, à son âge, il se serait peut-être perdu. » À lui, désormais, de suivre la trajectoire de son partenaire Djibril Sidibé.
Tous propos recueillis par Nicolas Jucha