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Benjamin André, maillon fort

Par Régis Delanoë, à Rennes
6 minutes
Benjamin André, maillon fort

Le Stade rennais qui enchaîne les victoires, ce n’est pas seulement l’œuvre d’Ousmane Dembele. C’est aussi et surtout un collectif plus cohérent et mieux équilibré, avec pour trait d’union entre la défense et l’attaque un homme aussi indispensable que discret : Benjamin André.

Pour retenir l’attention des fans, il peut être intéressant d’associer un nom qui claque avec un jeu flamboyant. Avec Kingsley Coman par exemple, l’attirance est quasi immédiate. Ou bien encore à Rennes, c’est le cas de Paul-Georges Ntep. C’est quasiment du marketing : marque punchy, produit qui attire l’œil, c’est le succès populaire assuré. Le package que constitue Benjamin André est plus difficilement vendeur. Déjà, il y a cette double association de prénoms banals. Ensuite, et surtout, il y a ce style de jeu tellement discret qu’il peut sembler invisible aux novices. Le Niçois de naissance fait partie de cette catégorie de joueurs besogneux dont les performances ne se calculent pas en statistiques ni ne se repèrent à la télé ou sur les réseaux sociaux. Peu de buts ni de passes décisives, des percées balles au pied rares et le dribble quasi inexistant : Benjamin André semble enfin définitivement s’installer au poste fait pour ses qualités et sa personnalité, celui de milieu récupérateur. Précieux gratteur, premier relanceur, la partie basse de l’entre-jeu est la zone des discrets ouvriers du ballon qui font proprement leur devoir sur le terrain, se douchent, passent inaperçus dans la forêt de micros et de chasseurs d’autographes, gagnent leur voiture et rentrent chez eux reprendre une vie normale.

André s’y sent bien, à ce poste de l’ombre, et s’y épanouit même depuis le changement d’entraîneur à Rennes. Avec Montanier, il jouait déjà beaucoup, mais il y avait encore comme un doute quant au poste à lui attribuer. Il a commencé la saison comme ailier droit, de même qu’il avait commencé la précédente au poste de latéral droit. Puis, finalement, depuis début 2016, s’impose l’évidence que c’est bien devant la charnière centrale qu’il est le plus performant et le plus utile à l’équipe. Une formation bretonne qui, jusqu’à il y a peu, séduisait par ses armes offensives, mais décevait par son déséquilibre collectif : un onze coupé en deux, la première moitié se fadant seul le travail défensif, l’autre partant désunie à l’abordage du but adverse. André fait désormais le lien. En s’appliquant au travail de récupération, puis à la tâche de la première relance toute simple, il est devenu le maillon essentiel au bon fonctionnement de la machine. Et celle-ci, désormais, fonctionne : les sept derniers matchs du Stade rennais, avec un André disputant l’intégralité des rencontres au même poste de récupérateur, se sont soldés par un bilan largement positif de 14 points pris sur 21 possibles.

Indissociable de Gelson Fernandes

Le numéro 21 rennais est actuellement le troisième joueur de champ le plus utilisé dans l’effectif rouge et noir, derrière Armand et Gelson Fernandes, son désormais indissociable binôme à la récupération. Après avoir expérimenté un temps le triangle du milieu avec pointe basse, Rolland Courbis s’est résolu à stabiliser son équipe avec un triangle pointe haute en 4-2-3-1, l’assise basse du milieu étant constituée de ces deux indispensables hommes de l’ombre que sont André et Gelson. « Ce sont des joueurs généreux qui, par moment, en font peut-être un peu trop et qui, du coup, malheureusement, peuvent manquer de lucidité sur les fins de match. Mais c’est certain qu’ils sont des rouages importants dans notre organisation, ils nous aident à passer du côté offensif au côté défensif et vice versa » , expliquait l’entraîneur lors d’une interview accordée au site officiel mi-mars.

Un coach dont la nomination au poste a été appréciée par André. « Il y a un petit effet Courbis, disait-il de lui au soir de sa première sur le banc, une victoire arrachée en toute fin de rencontre face au Gazélec le 22 janvier (1-0). Au niveau de la mentalité, il a essayé de nous insuffler ce petit message du Sud. » Débarqué en Bretagne à l’été 2014, Benjamin André reste un homme viscéralement attaché à ce Sud méditerranéen : naissance à Nice en 1990, début de formation au Stade raphaëlois, puis arrivée à l’AC Ajaccio en 2006, d’abord pour y achever son apprentissage, puis en débutant chez les pros dès 2008. « Mes amis, ma femme, tout me ramène à la Corse, disait-il lors d’une interview accordée à So Foot en octobre dernier. Mes repas de famille, c’est à Ajaccio que je les passe. J’ai grandi avec la culture corse, même avant d’aller à Ajaccio, ma famille n’était pas si loin de la Corse et j’y allais en vacances. »

Sessions surf avec Pierazzi

« Benjamin, c’est le gars tranquille du vestiaire, qui ne pose jamais de problème, témoigne Ricardo Faty, coéquipier pendant deux saisons à Ajaccio entre 2012 et 2014. C’était le jeune du club, dans l’esprit de la région, adepte des sports nautiques. Je me souviens qu’il partait souvent faire des sessions surf avec Pierazzi notamment. » À l’ACA, alors en L1, André s’impose progressivement comme titulaire, mais sa grande polyvalence finit déjà par lui être préjudiciable. « Les mecs de devant, ils font leurs trucs pour faire la différence, la tactique et le positionnement ne sont pas très important pour eux. Mais un mec comme « Benji », il a besoin d’avoir des repères, d’être stabilisé à un poste, ce qui n’a jusqu’alors jamais été vraiment son cas » , estime Alex Dupont, éphémère entraîneur du club corse lors de la première moitié de saison 2012/2013. D’abord positionné milieu droit, puis testé dans l’entre-jeu d’un milieu à trois, André finit par séduire Philippe Montanier, l’entraîneur rennais, qui voit en lui le parfait successeur de Romain Danzé comme latéral droit. C’est initialement pour occuper ce poste qu’il est recruté en 2014, alors que l’ACA est relégué ( « un club qui de toute façon était devenu un peu trop petit pour lui, fallait qu’il parte pour continuer sa progression » , juge Ricardo Faty).

« Je pensais aussi qu’il pouvait faire l’affaire à droite de la défense, c’était bien vu de la part de Philippe, mais ça n’a pas fonctionné » , constate Dupont. La faute à une adaptation difficile dans un nouvel environnement, à des petites blessures qui l’empêchent d’enchaîner, à la résistance de Danzé et à l’émergence d’un jeune du club, Steven Moreira. « Mais Benji, c’est un super gamin, à l’écoute, bosseur, dévoué au collectif, il ne s’est pas laissé abattre et a compris que c’était à la récupération qu’il pouvait s’imposer et se mettre le plus au service de l’équipe, c’est très intelligent de sa part » , observe encore l’actuel coach de Brest. Dès lors, s’il continue d’enchaîner les performances, peut-il viser plus haut encore, franchir à l’avenir un nouveau palier comme il a fini par le faire en passant d’Ajaccio à Rennes ? « Sa marge de progression reste intéressante, analyse Ricardo Faty. Il lui faut prendre une part plus active à l’animation offensive, marquer plus de buts pour attirer l’attention des plus gros clubs. » Alex Dupont ne dit pas autre chose : « Ce n’est pas le joueur qui va casser les lignes et ça manque encore à son registre. Mais déjà, laissons-le s’imposer vraiment à ce poste, qu’il finisse par devenir une valeur sûre de la L1. » Qu’enfin on retienne son nom et qu’on loue la sobriété de son style.

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