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Bas Dost, une pièce de choix
Après des débuts plus que compliqués à Wolfsburg, Bas Dost affole les compteurs depuis le début de l'année civile, au point d'être devant l'attaquant le plus efficace à l'heure actuelle. Mais d'où vient cet homme, récemment appelé par Guus Hiddink chez les Oranje.
Depuis le début de l’année, Bas Dost a scoré 13 fois en 11 matchs, toutes compétitions confondues. Seul Lionel Messi a fait mieux (18 réalisations), mais a disputé cinq matchs de plus, ce qui amène un ratio but/match de 1,2, contre 1,3 pour le Hollandais. Neymar, Kane, Suárez, Michy, Hoarau, personne ne pèse autant. Et Dost n’a pas marqué contre des nullos : deux contre le Bayern, quatre face à Leverkusen, deux de plus face au Sporting. Pourtant, avant cette explosion, le Hollandais n’avait fait tremblé les filets qu’à 14 reprises en 47 rencontres de Bundesliga. Que s’est-il passé entre-temps ? Beaucoup de choses. Lorsque Wolfsburg le fait signer à l’été 2012 en provenance d’Heerenveen, malgré les offres de West Ham et d’Everton, les Loups pensent bien enfin tenir le successeur d’Edin Džeko. On parle quand même alors du meilleur buteur d’Eredivisie, 32 pions dans une équipe moyenne, pas si loin du record de 34 d’Afonso Alves en 2006-2007. Même quand l’échec du Brésilien à Middlesbrough l’a prouvé, la réussite hollandaise ne s’exporte pas forcément. En plus, Dost n’a pas vraiment un physique de renard, plutôt de fil de fer maladroit. S’il marque le but de la victoire pour ses débuts en Buli contre Stuttgart, il a eu du mal à trouver une place de titulaire, surtout après le départ de Magath en octobre. Son successeur, Dieter Hecking, ne tient pas le Hollandais en haute estime, et celui-ci ne marque qu’une seule fois lors de la deuxième partie de la saison, qu’il regarde surtout du banc.
Bas étage
La dégringolade ne s’arrête pas là, deux blessures plombant complètement son exercice suivant. En Buli, Dost n’est titulaire qu’à six reprises, entre en jeu à sept – souvent tardivement -, et plante quatre fois, ce qui n’est finalement pas si mal. Hecking ne jure alors que par Olić à la pointe de son 4-2-3-1. Pire, l’arrivée de Nicklas Bendtner l’été venu semble complètement ranger Dost dans la case flop. Même pas revenu en forme, Dost doit choisir entre partir pour relancer sa carrière ou n’être que le troisième choix. Il choisit, enfin le manque d’offre choisit pour lui, de rester. Évidemment, il ne joue toujours pas : 13 minutes contre Fribourg lors de la 8e journée, une seule face à Mönchengladbach à la 13e. Mais le match suivant change tout. Face à Hanovre, Bendtner pas dans le groupe, il remplace Olić à la 67e, alors que le score est de 1-1.
Deux minutes plus tard, sa tête permet à Wolsburg de prendre l’avantage. Un but qui lui permet de se retrouver enfin titulaire, pour la première fois depuis plus de deux ans. Dost tire profit de sa situation retrouvée avec un nouveau pion contre Cologne, pour le dernier match de Buli de 2014. Et puis il y a le Bayern, pour la reprise de la Bundesliga. Dost score deux fois, Wolfsburg s’impose 4-1, le leader invaincu tombe enfin, face à son dauphin, l’Europe le (re)découvre. « J’ai marqué pour notre premier match après la trêve, et c’était un gros coup de boost pour ma confiance en moi. Je me suis dit de continuer comme ça après, et pour l’instant, j’ai réussi » a-t-il ainsi expliqué à Kicker. De fait, Dost enchaîne les buts ; Wolfsburg se retrouve même à vendre Olić, 35 ans, dans les derniers jours du mercato à Hambourg. Une explosion qui ne surprend pas vraiment Hecking : « Bas a été blessé pendant sept mois. On a fondé beaucoup d’espoir sur lui et il nous le rend bien. Ce n’est pas juste un état de grâce, il a toujours eu ça en lui » . En effet, Dost a toujours eu du mal à s’adapter.
Bon Dost
Tout commence à Emmen. Après avoir été promu du centre de formation, il n’est pas jugé assez bon pour la deuxième division, se retrouve sur le banc au début de la saison 2007-08, puis le coach lui donne sa chance. Il claque un triplé lors du derby pour une victoire 3-2 et signe à la fin de l’exercice pour Heracles Almelo, contre un peu plus de 300 000 euros. Pour sa première à l’étage supérieur, il ne marque que trois fois en 27 matchs, puis pareil, nouveau coach, mentor, 14 buts la suivante. Une marche plus haut, Heerenveen pour trois millions d’euros. Là, Dost ne s’entend pas trop avec Ron Jans, n’est pas en forme et se retrouve sur le banc. Il force même un transfert à l’Ajax au mercato. Et quand son club demande trop d’argent, il fait intervenir la Fédération pour qu’on le laisse partir. Mais il perd son bras de fer.
Jans réussit finalement à s’entendre avec son révolté, qui finira la saison meilleur buteur du club, avec 13 pions. Un titre qu’il conservera lors de la fameuse saison 2011-2012, celle des 32 réalisations en Eredivisie, 38 toutes compétitions confondues. En confiance, en forme, bien servi par les bons centres de Luciano Narsingh et Oussama Assaidi, Dost met tout au fond. Comme aujourd’hui à Wolfsburg, où il a derrière lui de sacrés pieds : Kevin De Bruyne surtout, mais aussi André Schürrle, Ivan Perišić et Maximilian Arnold. Parce que Dost ne rate jamais la cible, ou presque. Lors de ses 13 matchs de Buli cette saison, il a tiré 27 fois, cadré 20 fois, marqué 13 fois – toujours dans la surface. Pour comparaison, Lewandowski a eu besoin de 74 tirs (29 cadrés) pour inscrire ses 11 buts. Suárez, c’est 46/23/7 en Liga, Ibra, 70/37/12. Une efficacité de renard pour un grand échalas qui ne compte pas s’arrêter là.
Pour Charles Alf Lafon