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Barton, un taré au Vélodrome
C'était oui, c'était non, c'était peut-être, c'était finalement non. Et puis, d'un coup, tout s'est décanté. Des paroles d'amour, un jet privé et hop, voilà Joey Barton à Marseille, peut-être le coup le plus fou du mercato en Ligue 1. Avec tout le respect pour Zlatan et Mutu.
Un transfert venu de nulle part. Joey Barton, putain. Joey Barton à l’OM. On y est enfin. Alors que le mercato ressemblait à une longue fuite que personne ne semblait en mesure de stopper, voilà le coup que tout le monde attendait, mais auquel personne n’osait croire. Une idée folle, qui a mis du beaucoup de temps à se concrétiser, qui est passée par toutes les phases, mais qui trouve aujourd’hui une issue heureuse. Joey Barton jouera bien à l’OM cette saison. C’est Sky Sports qui, le premier, avait lancé la bombe il y a quelques semaines. « Joey Barton quitte QPR et est prêté un an à Marseille. Stéphane Mbia fait le chemin inverse, et rejoint le club londonien » . La nouvelle se répand comme une traînée de poudre sur Twitter. Mais Barton, pourtant très actif sur le réseau social, n’y donne pas écho. Enfin, si. Quelques heures plus tard, il lâche un très suggestif : « Early night for me people. Bonne nuit x… » . Un message en français qui semble en dire long. Pourtant, les dirigeants marseillais démentent. Pire, ils semblent même exclure l’arrivée de l’Anglais. Entre temps, l’OM enchaîne les victoires en Ligue 1, et Barton multiplie les appels du pied sur son réseau social préféré, parfois même en français. « Marseille won again as well. Allez les Marseillais. Maybe I’ll see you all this week? » ou encore un suggestif « Je ne veux jouer qu’à Marseille, cet endroit est fait pour moi » . Finalement, ce matin, Barton annonce : « En route pour Marseille » , suivi quelques heures plus tard d’un « A Marseille, wow, il fait chaud ici » . Bienvenue en France, Jo. Que du bonheur.
Champ de bataille
Bon, tout le monde s’excite sur l’arrivée de Joey Barton, mais en vrai, est-ce vraiment une bonne affaire pour l’OM ? Le départ de Mbia était dans l’air depuis quelque temps. Même si, au fond, tout le monde espérait qu’il allait rester. A sa place, c’est donc Joey Barton. Un joueur que l’on connaît plus pour ses cartons rouges et ses pétages de câble que pour ses performances sur le terrain. Sa dernière frasque en date ? Un craquage total lors de la dernière journée du championnat anglais, face à Manchester City, qui lui vaut une expulsion, et surtout une suspension de douze journées. Manchester City, tiens. Ce club semble à jamais lié au destin du joueur. C’est là-bas qu’il commence sa carrière professionnelle, en 2002, alors qu’il vient à peine de fêter ses 20 ans. Sa première apparition en Premier League est déjà le signe que sa carrière va ressembler à un grand champ de bataille : alors qu’il doit faire ses grands débuts contre Middlesbrough, il laisse son maillot sur le banc des remplaçants. Au moment d’entrer en jeu, impossible de le retrouver. Et donc impossible de jouer. Il devra attendre cinq mois avant de finalement débuter en Premier League…
Mais en peu de temps, il devient l’un des titulaires indiscutables d’une équipe qui n’a pas encore été rachetée par le Cheikh Mansour, et qui a donc l’habitude de terminer dans le ventre mou (voire le bas) du classement, à l’ombre du rival United. Quant à ses dérapages, ils se multiplient. C’est d’abord un cigare enfoncé dans l’œil de Jamie Tandy, un jeune du club, puis la jambe d’un piéton fracturée par sa voiture ou encore un supporter d’Everton agressé. Pourtant, malgré tout ça, Barton est le pilier du milieu de terrain de City, à tel point que les Citizens refusent de le laisser partir à plusieurs reprises. Son coach de l’époque, Stuart Pearce, lui fait confiance, même s’il lui interdit de parler à la presse pour éviter tout dérapage. La dernière folie lui est toutefois fatale. Lors d’un entraînement, il agresse violemment son coéquipier, Ousmane Dabo. Ce dernier est transporté à l’hôpital. Barton, lui, est condamné par la justice. Cet épisode marque la fin de son aventure à City. Il se tire à Newcastle, pour aller faire de nouvelles conneries.
« Non, tu es une merde »
Mais à Newcastle, cela ne va pas s’arranger. Si ses prestations sur la pelouse sont toujours convaincantes, car le mec est le genre de joueur qui met ses couilles sur le terrain lorsqu’il joue, ce qui plaît évidemment aux fans, sa folie ne s’estompe pas. Elle atteint même son apogée un soir de décembre 2007. En pleine nuit, à Liverpool, il se bat avec un type qu’il frappe vingt fois avant de le laisser inconscient, puis pète les dents d’un autre gars. Il est condamné à six mois de prison, et finit par admettre qu’il a un problème avec l’alcool. Non, sans déconner ? Il reste finalement 77 jours derrière les barreaux, et en ressort le 28 juillet 2008, avec la ferme intention de repartir à zéro. Tu parles. C’est toujours la même ritournelle. Barton enchaîne des matches où il est excellent, d’autres où il prend des cartons rouges, et d’autres où il se blesse par trop plein d’engagement. A la fin de la saison 2008-09, Newcastle est relégué et Barton, trop souvent suspendu, se prend le chou avec Alan Shearer, le manager des Magpies, donnant lieu à une altercation magique. « De toute façon, je suis le meilleur joueur du club » / « Non, tu ne l’es pas. Tu es une merde » / « Et toi tu es un entraîneur de merde avec des tactiques de merde » . Exceptionnel. S’il nous donne la même chose avec Élie Baup, on va se régaler…
Barton effectue sa meilleure saison lorsque Newcastle revient en Premier League, même si son altercation avec Abou Diaby, dans le fameux 4-4 contre Arsenal, est toujours dans les mémoires. Mais dès le début de la saison suivante, boum. Encore n’importe quoi contre Arsenal, et le club qui le lourde à QPR. A Londres, rien ne change. Des bons matches, des buts, des fautes, des provocations… Du Barton classique. Le voilà désormais à Marseille, prêt à venir honorer son rang de « joueur le plus sale de la Premier League » . Avec le maillot olympien, il devrait reprendre son poste au milieu de terrain, derrière les attaquants. Un poste qu’il s’est accaparé au fil des années, alors qu’il avait débuté beaucoup plus bas sur la pelouse, quasiment à un rôle de milieu juste devant la défense. Reste à savoir ce qu’Élie Baup voudra faire de lui. Mbia était un milieu défensif (voire défenseur central de service) et sa place sera donc laissée vacante. Il faudra donc, éventuellement, demander à l’ami Joseph s’il souhaite reculer, ou rester un peu plus haut. Mais il faudra lui demander gentiment, hein. Car une mandale est vite partie.
Par Éric Maggiori