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Amido Baldé, l’aubaine du Vitória Guimarães
Ce week-end, le Vitória Guimarães s’est imposé 3-1 sur la pelouse de Rio Ave. Le club portugais peut remercier son attaquant de 21 ans, Amido Baldé, auteur d’un doublé. Un joueur qui a suivi une drôle de trajectoire depuis le début de sa carrière.
C’est triste à dire, mais le nom « Baldé » , au premier abord, ne fait pas tout de suite penser à un joueur de football portugais. Non, lorsque l’on entend Baldé, on entend forcément cette saloperie de chanson, Rayon de Soleil, qui a hanté notre été 2008. Bizarrement, le titre de cette chanson du compositeur originaire de Guinée pourrait correspondre, quelque part, à ce qu’est en train de vivre Amido Baldé au Vitória Guimarães. Un rayon de soleil pour le club portugais, qui vient de trouver en lui le potentiel grand buteur de l’équipe. Cinq buts réalisés cette saison en championnat pour lui. Pas énorme ? Non, mais ce total est amené à grossir. Car ces cinq pions ont été inscrits lors des six dernières journées de championnat. Une progression intense, qui culmine avec ce doublé inscrit dimanche sur la pelouse de Rio Ave (1-3). Un doublé qui offre trois points précieux à son équipe, lui permettant de revenir à un point des places européennes. Et dire que cet été, ce grand dadet d’1m92 a été littéralement chassé du Sporting Portugal, son club formateur. Sacrée réaction.
Bissau na Bissau
L’an passé, Baldé n’évoluait pas dans le championnat portugais. Non, le joueur avait été prêté au Cercle Bruges, en Belgique. Il aurait d’ailleurs pu être l’une des grandes attractions du championnat belge. Ses premières apparitions avaient fait de lui l’un des hommes à suivre du début de saison. Lorsqu’il marque son premier but lors de la 9e journée, face au VV St. Truiden, on pense que la machine est lancée. Mais l’attaquant subit alors une blessure au genou qui le contraint à rester hors des terrains pendant près de trois mois. À son retour, au début de l’année 2012, il retrouve sa place sur le front de l’attaque et inscrit quelques buts, par-ci par-là, dont un décisif contre le KV Mechelen, pour une victoire 1-0 des siens. Mais à la fin de la saison, l’aventure belge se termine. Amido Baldé rentre « chez lui » , au Sporting Portugal. Oui, car depuis qu’il a commencé le football, le joueur né en Guinée-Bissau a prêté allégeance au Sporting. De fait, la Guinée-Bissau a été une colonie portugaise de 1879 à 1974, date de la révolution des Œillets.
Si les Portugais ont depuis quitté le pays, ils ont conservé de nombreuses marques d’appartenance là-bas. À commencer par le football. À Bissau, ville de naissance d’Amido Baldé, évolue le Sporting Clube de Bissau, qui n’est autre que l’académie du Sporting Portugal en Guinée-Bissau. C’est justement ce club qu’Amido rejoint dès son enfance. Il y fait ses gammes, sous le regard toujours intéressé des recruteurs portugais. Finalement, en 2008, ses aptitudes sont remarquées. Les superviseurs du Sporting, présents en Guinée, lui proposent de venir poursuivre sa formation au Portugal, et de rejoindre l’Academia de Talentos de Lisbonne. L’occasion est trop belle. Amido Baldé accepte et, en juillet 2008, le voilà qui débarque à Lisbonne pour véritablement commencer sa carrière. Pile au moment où William Baldé cartonne sur les ondes, tiens.
Portugal, Espagne, Belgique, Portugal
Après deux années passées avec l’équipe juniors du club portugais (au cours desquelles il choisit d’ailleurs de répondre à la convocation de l’équipe du Portugal des moins de 19 ans), Baldé est intégré à l’équipe première en 2010. Cependant, le coach du Sporting, Paulo Sérgio, craint qu’il ne soit pas assez mûr pour être immédiatement lancé dans le grand bain. Il est donc prêté au CD Santa Clara, en D2 portugaise. Mais les quelques mois passés là-bas vont être un véritable calvaire. Non seulement il ne marque pas, mais en plus, il ne joue quasiment jamais. Dégoûté, il se plaint aux dirigeants du Sporting, qui le font transférer au CD Badajoz, en troisième division espagnole, lors du mercato hivernal. Cela se passe mieux. Baldé retrouve ses sensations, joue avec continuité, marque avec plus de régularité. Alors qu’il fête tout juste ses 20 ans à la fin de la saison, les dirigeants du Sporting se retrouvent face à un nouveau problème : miser sur lui ou le prêter à nouveau ? Le choix est rapidement fait : il ira en Belgique, au Cercle Bruges. Mais avant cela, Baldé est convoqué pour la Coupe du monde des moins de 20 ans en Colombie. Preuve que ses qualités ont été remarquées par le sélectionneur, Ilidio Vale. Lors de cette compétition, le Portugal se hisse jusqu’à la finale, qu’il perd face au Brésil, mais Baldé y vit une aventure importante pour sa croissance footballistique.
Après une année passée chez nos amis belges, il rentre à nouveau à la maison-mère. Mais cette fois, changement de discours. Le Sporting lui annonce qu’il ne compte plus sur lui et met un terme à son contrat. Un peu dépité, le natif de Guinée-Bissau cherche un nouveau club. Convoité par le Celtic Glasgow, il s’engage finalement le 28 août avec le Vitória Guimarães, pour un contrat de deux ans. En dedans lors des premiers mois de compétition, Amido débloque son compteur le 23 novembre 2012, lors d’un déplacement à Beira-Mar. C’est le déclic. Un nouveau but face à Olhanense, un autre contre Maritimo, et puis le fameux doublé face à Rio Ave. Cinq buts en six matchs, Amido Baldé est enfin en train d’exploser. La belle ironie, c’est que les deux buts inscrits ce week-end permettent au Vitória Guimarães de conserver deux points d’avance au classement sur le… Sporting Portugal. Tiens, d’ailleurs, regardez donc ce que nous concocte la prochaine journée de Liga Sagres. Un certain Sporting Portugal – Vitória Guimarães. Appelez-le comme vous voulez, mais ce match sera indubitablement celui d’Amido Baldé. Le nouveau « rayon de soleil » de Guimarães.
Par Eric Maggiori