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  • SO FOOT #142
  • Interview

Alexandre Marles : « À la télé, mieux vaut qu’ils se taisent »

Propos recueillis par Brieux Férot
4 minutes
Alexandre Marles : « À la télé, mieux vaut qu’ils se taisent »

En complément du dossier du So Foot actuellement en kiosques, le toujours pertinent Alexandre Marles, préparateur physique et statisticien, ex-PSG et OL, donne son point de vue sur le rôle des big data dans l’évolution du jeu. Et nage à contre-courant...

Les big data conduisent-elles à la mort du foot ? J’ai déjà été sollicité par le ministère de l’Économie et des Finances pour une étude sur l’opportunité du sport comme dynamique par rapport à l’emploi, donc c’est vrai que des choses changent. Après, la plupart des informations transmises au grand public sont fausses et un tas de données proposées ne reflètent en rien la façon de comprendre le foot, ce n’est pas du tout pertinent. La capacité à accélérer et changer de direction, c’est une vraie qualité qui fait la différence, mais on n’en parle jamais. Quand on te dit que c’est normal qu’un but ait été marqué après un centre côté droit, mais on ne te donne aucune info, on ne remonte pas assez loin dans la saison pour confirmer ou infirmer par les chiffres ce que dit le commentateur. Le spectateur prend tout pour argent comptant, alors que rien n’est vérifié. La télévision a un peu d’info, mais pas de données sur l’effort physique, et puis dans ce qu’ils ont, la précision laisse à désirer, car elle est mesurée par les caméras, pas directement sur le joueur. À la télé, mieux vaut qu’ils se taisent. Il n’y a que Dugarry qui, quand il parle performance physique, sort des choses intéressantes. On sent qu’il s’appuie sur quelque chose et qu’il ne répète pas les conneries des autres.

Et sur le terrain, le foot français est-il faible à cause des statistiques ?

En France, on n’a pas de Mourinho, Guardiola ou Ancelotti : la plupart des coachs entraînent encore comme dans les années 80. Un mec comme Jean-Marc Furlan a essayé plein de choses, mais les autres l’appellent « le professeur » et se foutent de sa gueule.

Ce serait même plutôt le contraire : la France n’est pas un bon territoire pour étudier l’impact des statistiques, car elle s’en fout complètement. En France, on n’a pas de Mourinho, Guardiola ou Ancelotti : la plupart des coachs entraînent encore comme dans les années 80. Un mec comme Jean-Marc Furlan a essayé plein de choses, mais les autres l’appellent « le professeur » et se foutent de sa gueule, c’est pathétique. L’internationalisation est fondamentale, et ce n’est pas une question de budget: si au bout de dix journées, tu vois que les trois premiers, dont Nice, ont des entraîneurs et des joueurs passés par l’étranger, ce n’est pas un hasard. Au PSG, si je mettais plus de vingt minutes après l’entraînement avant de transmettre le bilan individuel à chaque joueur sur leur état de fraîcheur, j’avais Maxwell, Thiago Motta et Marquinhos dans mon bureau. Quand j’étais à l’OL, les résultats étaient affichés au mur, mais, en gros, seuls Jallet et Valbuena étaient intéressés. Un jour, j’ai demandé un bilan de Rafael à Manchester United : ils m’ont envoyé six mois d’analyse avec les annotations du coach principal et des adjoints. C’est impensable en France, la plupart n’ont pas plus que les cinq derniers matchs. On dirait que beaucoup trop d’acteurs ont un intérêt personnel à entretenir la confusion.

Est-ce que certains joueurs jouent avec le frein à main à cause de statistiques ?Non, je n’ai jamais vu cela, ou alors ça permet de voir ceux qui ne sont pas prêts pour le haut niveau. Est-ce que le fait d’avoir désormais des applications sur smartphones est un danger pour les gamins ? Il est important de faire preuve de pédagogie pour qu’ils comprennent leur rôle dans une équipe et apprennent vite, car tout est déjà là en vérité, on ne peut plus revenir en arrière, c’est peut-être triste, mais c’est comme ça. Le foot en France, ce n’est devenu que de la compétition, mais quoi qu’il arrive, tu gardes toujours la main : le coach reste le décideur. Ces données-là te donneront très souvent la vérité du terrain, mais posent un problème d’éthique à court terme : les données appartiennent aux joueurs et il n’y a aucune législation aujourd’hui. Il faut entamer une négociation avec les clubs, tu ne peux pas faire n’importe quoi. Il faut que quelque chose soit écrit, car des cellules utilisent les infos sans demande ou consentement. En Allemagne, il y a eu pas mal de procédures en ce sens.

==> SOFOOT #142, actuellement en kiosque

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Propos recueillis par Brieux Férot

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