- France – Ligue 1 – 19e journée – Brest/PSG
À l’ouest, Eden
Après une première saison d’apprentissage assez hardcore, l’Israélien Eden Ben Basat est en passe de définitivement s’imposer à la pointe de l’attaque de Stade brestois. Nolan qui ?
Supporters brestois, ne mentez pas : on vous aurait dit cet été que l’atout numéro un de l’équipe cette saison allait s’appeler Eden Ben Basat, vous auriez trouvé que la blague était bonne. Un peu facile, mais bonne. Ah ah, considérer que cet ailier gauche – dans tous les sens du terme – qui se fait bouger par toutes les défenses adverses et ne plante que 4 pions en 32 matchs pourrait se muer en avant-centre prolifique, fallait oser. Car soyons honnête, l’Israélien n’a pas convaincu pour sa première saison en France. D’abord, il lui a fallu composer avec la concurrence de Nolan Roux, resté dans le Finistère une demi-saison de plus que prévu. Ensuite, il a dû faire face au scepticisme de ses entraîneurs, Alex Dupont puis Corentin Martins au printemps. Les deux n’ont pas jugé bon de le placer à la pointe de l’attaque, lui préférant Alexandre Alphonse à ce poste. Eden était jugé bien trop tendre physiquement pour assumer ce rôle.
« Intelligent dans ses déplacements »
Le changement d’entraîneur cet été ne change rien, Landry Chauvin se rangeant comme tout le monde du côté des sceptiques. Dans son esprit, c’est clair : Ben Basat arrive en queue de peloton dans la hiérarchie des attaquants de pointe, derrière la recrue Charlison Benschop et Jonathan Ayité. Le natif d’Haïfa débute d’ailleurs la saison sur le banc, ne connaissant une première titularisation que début septembre face à Troyes. Aligné seul en pointe, il saisit sa chance, marque et contribue à la victoire des siens. « Eden jouait sur le côté l’an passé, mais, pour moi, ce n’est pas là qu’il exploite le mieux ses qualités, car il est intelligent dans ses déplacements » , justifiera plus tard son entraîneur. La suite de la saison lui donne pour l’instant entièrement raison. Le timide ailier de l’an passé s’est mué en un redoutable avant-centre, le genre pénible pour la défense adverse. Car si le gars n’a rien d’un génie, il sait compenser ses lacunes par une énorme débauche d’énergie, multipliant les appels, faisant sa part de travail défensif et sachant se montrer adroit face au but lors des rares occasions qui lui sont données de marquer (6 tirs cadrés à Francis-Le Blé, 6 buts). Il en est déjà à 7 buts au total depuis le début de saison en L1, avec des temps de passage similaires à ceux qu’a connus Nolan Roux lors de sa meilleure saison en Bretagne, l’année de la montée.
Fin de contrat au printemps…
Chafni, Grougi, Ayité, Touré, Lesoimier ou Dernis, placés derrière lui ou sur les côtés, savent qu’en phase offensive, ils peuvent disposer d’une solution faisant toujours les efforts nécessaires pour se démarquer. Le sélectionneur national Eli Guttman n’a pas non plus manqué de remarquer les qualités du jeune homme de 26 ans. Lors des derniers matchs de qualification pour le Mondial 2014 face au Luxembourg, la gueule d’ange était titulaire, une fois associé en pointe à l’attaquant de Majorque Tomer Hemed, l’autre fois positionné sur un côté. Le test s’est avéré concluant, avec deux buts à la clé. Le problème pour Brest, c’est que toutes ces performances en L1 comme sur la scène internationale commencent à se voir. Or, le joueur arrive en fin de contrat au printemps. Le club ne s’est-il pas rendu compte trop tard qu’il tenait là un tout bon ? Les dirigeants font le forcing depuis quelques semaines pour essayer de le prolonger, mais Ben Basat hésite. Arrivé directement d’Israël en 2011, il a mis beaucoup de temps à se faire à sa nouvelle vie en France. Oh, il n’est pas malheureux à Brest, mais ne serait pas non plus insensible à l’idée de poser ses valises dans une ville plus grande, plus au sud, où il pourrait retrouver un peu de son pays qui lui manque. Le Betis Séville notamment serait disposé à l’enrôler. Le public breton a donc tout intérêt à profiter au maximum de la réussite actuelle de son Eden, quoi qu’il advienne en fin de saison.
Par Régis Delanoë