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« À Bath aussi, Cantona est une légende »
Criblé de dettes, Bath City, actuellement en sixième division anglaise, vit aujourd'hui des heures d'espoir. Une vague portée par le groupe Big Bath City Bid, une assemblée de supporters souhaitant racheter leur club et qui doit rassembler 750 000 livres d'ici au 4 septembre. Il y a quelques jours, l'initiative a reçu un soutien massif, celui d'Éric Cantona.
Le visage est familier. La barbe taillée, Éric Cantona s’approche et délivre son message : « Super nouvelle ! Les fans de Bath City sont en train de racheter leur club. Je les soutiens et j’ai acheté une action moi-même. Vous devez les soutenir à votre tour. C’est un club génial, je l’ai vu de mes propres yeux. Maintenant, on peut le faire grandir. C’est un gros challenge de rassembler toute cette somme, mais n’ayez pas peur. (…) Vous pouvez vous surprendre mais aussi surprendre les autres. Surprendre tout le monde » . La vidéo est directement publiée par le Big Bath City Bid et la vague médiatique est immédiate.
Ken Loach, le guide
Mais pourquoi Éric Cantona soutient-il le rachat d’un club de D6 anglaise par ses supporters ? Pour au moins deux raisons : l’homme a des convictions et l’ami a une parole. En juin 2009, en pleine promotion du film « Looking for Eric » , le Français avait rendu une visite à Twerton Park en compagnie du réalisateur Ken Loach, supporter historique des Romans. « C’était un moment fantastique. La venue de Éric à Bath a été un événement sans précédent dans l’histoire de notre club et on a tout de suite compris que derrière le footballeur, il y avait un homme passionné par les aventures humaines, explique Steve Bradley, responsable au Big Bath City Bid. L’ancien joueur de Manchester United posera même avec l’écharpe du club autour du cou, dans les tribunes du stade.
« Lorsqu’on a vu que l’opération de crowdfunding peinait à décoller et alors qu’Éric nous avait contacté pour participer au projet, on s’est dit que de réaliser une vidéo pourrait nous assurer une couverture, poursuit le fan du Bath City Football Club. Vous savez, Cantona est une légende en Angleterre. Chaque vrai passionné de football ici connaît son caractère, son œuvre pour le football, tout ce qu’il a apporté en terme de charisme, génie sur le terrain. C’est une icône » . Le soutien de Cantona a eu alors un effet direct et en une semaine, l’opération a déjà récolté 22 000 livres supplémentaires.
« Bath, c’est un peu comme Perpignan en France »
Historiquement ville de rugby, Bath cultive pourtant une communauté de supporters de football solide. Un noyau qui remplit à chaque rencontre environ 600 places et qui a décidé d’agir pour sauver le club local. En mars dernier, le Big Bath City Bid a donc passé un accord avec les dirigeants pour déposer d’ici septembre une offre de reprise du club par ses supporters. Une initiative qui prend aujourd’hui de l’épaisseur au Royaume-Uni, où une trentaine de clubs, surtout dans la Non-League – D5 et les divisions inférieures – est actuellement détenue entièrement, ou majoritairement, par des fans. Les exemples de Portsmouth, Wycombe, de l’AFC Wimbledon ou encore d’Exeter City ont largement été évoqués dans la presse nationale et sont devenus les symboles d’un système économique stable, et plus sain selon les supporters, qui refusent toute arrivée de propriétaires étrangers.
« C’est une tendance qui se développe de plus en plus au Royaume-Uni, on discute entre fans pour connaître les retombées économiques d’une telle méthode car on ne veut pas faire couler notre club. Bath est un petit peu comme Perpignan en France, exister à côté du rugby est compliqué pour le football donc les investisseurs locaux nous ont délaissé. Il fallait agir » , détaille Steve Bradley. C’est une affaire de philosophie, une bataille contre un système qu’ils jugent « gangréné par l’argent » .
1,2 million de livres dans l’idéal
L’objectif est alors fixé : un minimum de 750 000 livres doit être rassemblé d’ici au 4 septembre. Le plan comprenait à la base des actions à 500 livres l’unité, avant que celle-ci ne soient abaissées à 250 livres. Dans l’idéal, le Big Bath City Bid souhaite récolter « 1,20 million de livres pour effacer toutes les dettes » . Une action est alors synonyme de vote en assemblée générale pour prendre les grandes décisions. Dès 10 livres, il est aujourd’hui possible de soutenir le Bath City FC et le décompte affiche aujourd’hui 142 360 livres. Une somme énorme pour un club de D6 mais la route est encore longue.
Par Maxime Brigand