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Khelifa : «Je veux être dans les 11»
En quelques mois, il est passé des bombes libyennes au calme de la Haute-Savoie. Saber Khelifa, Tunisien de 24 ans, est le nouvel attaquant de l'Evian Thonon Gaillard FC. Dans un français encore hésitant («Je comprends tout mais il faut que tu parles doucement») mais plein de bonne volonté, il se confie pour la première fois à des médias français.
Tu découvres l’Europe et le championnat de France. Quelles sont tes premières impressions ?
Ça va oui. Tout le monde a été très bien avec moi. J’ai trouvé un groupe très solidaire avec beaucoup de sérieux aux entraînements. Le coach veut qu’on pense en priorité au bloc défensif. Le climat ? (Rires) Il fait très froid, tu sais chez moi, en ce moment, il fait plus de 40 degrés !
Comment as-tu atterri à l’ETG FC ?
En fait, je suis venu en France pour signer mon contrat en janvier 2010 mais je ne pouvais jouer qu’à partir de cette saison. C’est le seul club qui était vraiment intéressé par mon arrivée. Malheureusement, j’avais beaucoup de problèmes avec mon club de l’Espérance de Tunis.
Tellement de problèmes que tu as même dû t’exiler en Libye…
Déjà, il faut que tu comprennes que l’Espérance de Tunis, c’est club le plus important de mon pays. La semaine passée, il a d’ailleurs remporté la Coupe nationale pour réaliser le doublé. Mais c’était chaud là-bas pour moi. Les relations étaient tendues avec les dirigeants mais aussi les supporters. (Saber Khelifa a refusé de prolonger son contrat, empêchant l’Espérance de toucher des indemnités sur son transfert ndlr). Donc quand je suis rentré de France en janvier, le club a décidé de me prêter et je suis allé au Al-Ahly Benghazi.
Pas de chance pour toi, c’est le début du conflit entre pros et anti- Khadafi.
Oui, c’est la guerre ! Je n’ai disputé que deux matches avec ma nouvelle équipe. Après, on ne pouvait plus jouer au football. On a demandé à quitter la Libye. Je rentre exactement le 16 février et le lendemain, Benghazi se fait bombarder ! Tu sais, on a vraiment eu très peur de mourir. Il n’y avait pas de policiers ni de militaires dans les rues, il n’y avait pas d’avions dans le ciel. Tu voyais des pistolets, des kalachnikovs de partout. C’était incroyable !
Qu’est-ce que tu fais alors entre fin février et juin dernier, date de ton arrivée officielle à l’ETG ?
L’Espérance ne veut plus que je joue. Je me suis donc entraîné à part dans mes anciens clubs (au Stade Gabésien et à Hammam Lif ndlr).
Et maintenant que tu es en L1, tu t’es fixé un nombre de buts à marquer ?
(Rires) Oh non ! Moi, je veux juste être… Comment on dit déjà ? Dans les 11 ?
Titulaire ?
Oui voilà, titulaire. C’est mon premier objectif et aussi celui de retrouver la sélection nationale. Mais je suis heureux ici, l’ambiance est magnifique !
Propos recueillis par Pierre Nigay
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